Uncategorized – Dénumérisation

Introduction

Suite à 5 années passées chez WeeeFund à travailler sur les questions du numérique, mon avis sur le sujet a beaucoup évolué.

Avant WeeeFund, j’ignorais les impacts négatifs du numérique, mon avis était donc simplement: “le numérique c’est bien (voir fantastique)”. Lors de la création je me suis penché sur la pollution liée au cycle de vie du numérique, mon avis est alors devenu: “il est possible de faire du numérique éthique: il suffit de faire du réemploi solidaire”. Puis au fil des années, différentes prises de consciences sont arrivées, parmi lesquelles:

Le réemploi et la seconde main n’existent que parce qu’on vit dans une société qui jette du matériel fonctionnel (sans obsolescence programmée ou gaspillage = pas de réemploi)
On appelle numérique responsable une démarche qui prends en compte les émissions carbones et éventuellement l’accessibilité d’un service numérique, mais on ne regarde jamais le nombre d’emploi supprimés par l’arrivée de ce service, ni le nombre de morts en RDC pour la fabrication des outils nécessaires à ce service.
La plupart des structures de médiation numérique sont financées par des organismes qui numérisent, et donc suppriment des postes à grande échelle. Ce qui les empêchent de porter un plaidoyer sur la dénumérisation

Mon avis est désormais le suivant: Il faut dénumériser la société, c’est un enjeux politique, d’humanité, et non un enjeu individuel. De plus, on entends beaucoup parler de numérique responsable. Sauf que ça n’existe pas et ça ne pourra jamais exister.

On verra dans cet article les principaux effets néfastes du numérique, et en conclusion ce qu’il faudrait faire à mon sens pour dénumériser notre société.

l’origine du numérique

le numérique est vécu et propagandé comme progrès, et gare à ses détracteurs qui se voient qualifié.e.s d’amish (cf l’allocution d’emmanuel macron sur la 5g)
Il permet d’entrer en contact avec l’autre bout du monde, d’automatiser des taches répétitives, le libre accès au savoir… Il apporte de nombreux avantages, c’est indéniable, mais à quel prix?

Automatisation des tâches

Un des principaux objectif du numérique appliqué au monde de l’entreprise (et des administrations) c’est d’automatiser des taches. La conséquence directe de cette automatisation c’est la suppression d’emploi, en masse.
les emplois créés par le secteur du numérique ne viennent pas compenser la suppression des emplois. D’autant qu’on supprime des postes peu qualifiés¹ (caissier.e, secrétaire) au profit de postes qualifiés (développeur.euse, consultant.e.s, architecte, administrateur.rice réseaux…).²
la conséquence de cette suppression de postes peu qualifié est la suivante: plus de profit pour les actionnaires, moins d’emploi pour les plus précaires.

L’impact lié à la fabrication des terminaux

Pollution

Eau polluée: l’extraction et le raffinement des métaux utilisés par le numérique (Cuivre, Cobalt, Coltan, terres rares…) nécessité des grandes quantités d’eau et de produits chimiques (arsenic), qui sont simplement rejetés dans la nature, polluant ainsi les cours d’eau et les sols, rendant l’eau et les produits issus de l’agriculture impropre a la consommation humaine ³
- Si on ajoute à ça le phénomène de bioconcentration (ou bioaccumulation) de la pollution, on peut s’attendre à un taux de présence des produits toxiques dans les être humain 1000 fois supérieur à celui du milieu environnant ⁴

Métaux rare:De nombreux métaux rare sont nécessaire à la fabrication d’outils éléctroniques. Ils ne sont pas rare au sens propre, mais leur extraction est extrêmement polluante et énergivore: leur taux de concentration dans le sol est extrêmement faible. Cela accroit encore plus les phénomène de pollutions évoqués ci-dessus.
CO2eq: la fabrication, l’utilisation (en France), et le « recyclage » d’un ordinateur fixe (unité centrale + écran) est de 400kg de CO2eq. Pour un ordinateur portable c’est en moyenne 170kg de CO2eq
- Source: Ademe
Lithium: Afin de réaliser la “transition écologique”, on nous vends des véhicules électriques. Mais la production de batteries au lithium est extrèmement polluante (rejet d’acide, consommation d’énergie) et problématique (consommation d’eau, pollution de l’eau…), et ne fait que s’accroitre…⁵
Ressources pour aller plus loin sur l’extraction minière:
- https://www.youtube.com/watch?v=7bh3Z78e68Q
- https://www.thinkerview.com/aurore-stephant-leffondrement-le-point-critique/

Conditions sociales des minier.ère.s et fabricant.e.s de terminaux

Radiations en Mongolie

la plupart des matériaux rares nécessaire à la fabrication des terminaux numériques sont extraits à Baotou, en Chine, juste à coté de la Mongolie. Dans cette zone, la radiation⁶ actuelle est 14 fois celle de Tchernobyl.
- Source: à trouver

Massacre au Congo

le Congo est le pays qui produit et exporte le plus de Cobalt et de Coltan au monde.⁷ 50% des réserves mondiales de Cobalt, et 60% des reserves mondiales de Coltan s’y trouve.⁸
problème : 6 millions de morts⁹ (et encore plus de mutilation) en 50 ans au Congo uniquement sur les régions minières, et directement due à l’extraction minière¹⁰ ¹¹.
futur problème: on vient de découvrir d’énormes gisements de lithium au Congo¹²: combien de millions de vie humaine seront nous prêt.e.s a sacrifier pour une mobilité “douce” ?
- Source:
Pour comprendre la situation en 15 min: https://www.youtube.com/watch?v=LE_ZVLBJ5Mk
Pour aller plus loin:
- http://www.mapping-report.org
- https://generationlumiere.fr/
- Livre: 2020 : Réparer les femmes, un combat contre la barbarie, Denis Mukwege avec Guy-Bernard Cadière, HarperCollins, coll. Poche (ISBN 9791033907886)
- Reportage: L’empire du Silence, les crimes impunis du Congo, Thierry Michel, 2021
- https://www.fairphone.com/en/impact/source-map-transparency/

Esclavage en Chine

Une fois les matériaux extraits, ils sont acheminés jusqu’en Chine afin d’être transformés en composants puis assemblés.
Problème : il y a des esclaves qui fabriquent nos machines dans des camps de travaux forcés¹³ ¹⁴ ¹⁵, quand ce n’est pas des étudiants en travaux forcés.

-> Arrivée des terminaux en France <-

Impact environnemental des terminaux en utilisation

Les NTIC émettent plus de CO2 que l’aviation mondiale¹⁶.

On nous a longtemps bassiné de ne pas imprimer ce document, ce mail, de numériser parceque ce serait plus écologique etc… Sauf que c’est faux: le papier pollue moins que le numérique si on prends en compte l’intgéralité du cycle de vie.
- Source: Ademe
  - https://www.lemondedelenergie.com/papier-numerique-ecologie/2020/12/31/
En effet, nos machines polluent au quotidien, mais pas tant par la faible consommation électrique qu’elle nécessite, plutôt à cause de la quantité de données stockées dans nos serveurs, nos cloud, et de la quantité de streaming que nous regardons. Tous les site web sont hébergés dans des serveurs, stockés dans des datacenter, qui eux ont besoin d’énormément d’énergie pour etre refroidi, et la fabrication de ces machines (comme de votre ordinateur), est extrêmement polluante (cf ci-dessus)¹⁷.

Fin de vie des équipements

Retour à l’envoyeur: dans l’UE il n’y a que 30% des DEEE (déchets d’équipement électronique et électrique) qui sont traités dans des usines de recyclage¹⁸. 30% sont exportés hors du continent (Afrique: Ghana, Togo ou Asie du Sud-Est: Chine, Malaisie?), le reste fini dans quelque décharges obscure en europe…
Certes le réemploi se développe, et c’est bien, mais l’obsolescence programmée continue de faire son oeuvre.

la numérisation peut-elle se poursuivre indéfiniment?

évidemment non, d’une part ce n’est pas souhaitable, mais surtout ça n’est pas possible:
juste d’un point matériaux, les premières recherches sur le sujet montrent que si la consommation mondiale d’équipement informatique suit la croissance actuelle, nous n’aurons plus assez de matière première pour produire assez de smartphone pour répondre a la demande de l’humanité.
source : a trouver
qu’on le veuille ou non, nous ne pouvons pas continuer comme ceci!

Impact du numérique sur la société civile

Diminution de la capacité d’attention

“Quand c’est gratuit, c’est toi le produit”

principe: les réseaux sociaux ont un modèle économique souvent basé sur ce qu’on appelle l’économie de l’attention: le but c’est de vous garder le plus longtemps possible sur un réseau social afin que vous visionniez un maximum de publicité pour que le réseau social en question génère un maximum de revenu.
problème: la conséquence directe c’est la diminution de la capacité d’attention de la population ¹⁹

Effet bulle

Principe: Sur les médias sociaux (X, linkedin, youtube …), la recommandation a pour objectif de personnaliser le flux que vous visualisez afin de ne vous proposer que des contenus que vous seriez susceptible d’aimer.
Problème : Les contenus proposés par les médias sociaux suivent la même tendance que ce que vous avez regardé précédemment, ils ne sont pas diversifiés. Cela a tendance a vous garder dans une bulle de contenus tous similaires²⁰ ²¹ ²² ²³.
Conséquence: la polarisation de la société civile²⁴, l’enfermement, la montée des extrêmes, la désinformation

Mise en danger de la démocratie et désinformation

Principe: les réseaux sociaux et applications récupèrent des quantités énormes d’information sur nous. Ces données permettent par le Big data (l’analyse de d’importante quantité de données concernant une énorme masse d’individu), de nous profiler (âge, sexe, classe socioprofessionnelles, orientation sexuelle, opinions politique…). Les données sont généralement vendues à des annonceurs ce qui leur permet de vous proposer des publicités ciblées.
Problème : ces données peuvent être utilisées pour manipuler l’opinion publique, faire de la désinformation ou même influencer des élections. Les plateforme numérique ne proposent pas de solutions à la hauteur. Pire encore, elles proposent des actions “efficaces” uniquement aux USA et en Europe²⁵.
Exemples:
- Le scandale de Cambridge Analytica qui a fait élire Donald Trump²⁶
- L’entreprise Israélienne qui a fait basculer 14 élections (usine à troll…)²⁷
- Think tank qui réfute l’existence du changement climatique²⁸
- Sources:
  - https://foundation.mozilla.org/fr/youtube/findings/
On pourrait se dire que les médias ont toujours eu un rôle d’influence, mais avec le profilage de masse, cela représente un pouvoir d’action et de nuisance bien supérieur aux médias traditionnels (radios, journaux, télévision…)

Augmentation du chômage

La numérisation et plus généralement l’automatisation des taches génère de la suppression d’emploi: que ce soit dans les usines, dans les supermarchés, par l’arrivée de site et d’application qui permette la fermeture de guichet (sncf, pole-emploi…), par l’arrivée du e-commerce qui supprime des petits commerces (amazon …)²⁹ ³⁰.
Le numérique a permis de créer 150 000 emploi en France entre 2009 et 2019 ³¹ , mais menace actuellement entre 2,4³² et 3 millions d’emploi³³.

Déshumanisation de la société

diminution des contacts humains au profit des contacts machine

Fracture numérique

Le numérique est imposé à toute la population, sans notre consentement. Depuis 2018, il n’est plus possible de faire sa déclaration d’impôts en papier, ou de faire un demande d’APL sans passer par le numérique.
- (vérifier + source)
Le problème c’est qu’il y a 15% de la population française qui est non internaute³⁴, et que 40% des personnes en situation de précarité sociale sont en difficulté avec le numérique. Cela cause des inégalités d’accès aux droits.
- cf le podcast: « Le code à changé – Une vie sans internet »
en 2022, 7% des personnes habitants en france n’ont ni smartphone si accès à internet³⁵.
La conséquence c’est la création d’une société à double vitesse: celleux qui maitrisent le numérique, et les autres.
Note: il y a énormément d’associations qui œuvre pour lutter contre la fracture numérique. Mais est-ce à des associations de permettre l’accès aux droits de la population ? Ne serait-ce pas plutôt à l’état de s’occuper de ses concitoyen.ne.s?

Hégémonie des GAFAM

les GAFAM sont plus puissants que beaucoup de pays et dictent les règles du jeux.

Perte de souveraineté

Exemple: le Cloud Data Act: loi des USA qui permet à l’État américain d’accéder à l’intégralité des données numérique de tous les utilisateurs des entreprises ayant leur siège aux USA. (Microsoft, Amazon, Facebook, Twitter, Google…)
La plupart des serveurs des administrations française (en citer plusieurs) sont stockés chez XX
- source
- note: il n’y a que l’armée française et la gendarmerie qui utilisent Linux plutôt que Windows (Microsoft) pour leurs ordinateurs et serveurs.
- note: il existe des administrations engagées pour un numérique libre: https://territoire-numerique-libre.org/

Ubérisation de la société

L’ubérisation de la société c’est la précarisation de l’emploi par l’arrivée d’entreprise prédatrice: Uber met en précarité ses travailleur.euse.s (travailler 50h/semaine pour gagner 500€/mois?³⁶) en les privant de la protection sociale qu’offre le statut de salarié: ce sont aux yeux de l’État (et de l’entreprise) des sous-traitants ayant souvent le statut auto-entrepreneur.
Sauf que par ce mécanisme, cela permet à l’entreprise de ne payer le.la travailleur.euse qu’à la prestation, et à un tarif imposé par elle-même. Le modèle économique de ces entreprise n’est viable que par cela.
Exemple: c’est le cas des livreurs Amazon, deliveroo, Uber eat, des chauffeurs VTC
On remercie au passage Emmanuel Macron d’avoir sciemment aidé Uber à s’imposer en France alors qu’il était ministre de l’économie, et ce contre le gouvernement de l’époque³⁷.

Évasion Fiscale

Les GAFAM sont des pros de l’évasion fiscale: en moyenne, 74% de leur chiffre d’affaire est dissimulé à l’étranger (en Irlande le plus souvent), ce qui leur permet de ne payer en moyenne que 9% d’impots, contre 23% pour les entreprises classique. Cela représente un manque à gagner de quelques 623 millions d’euros d’impôts pour l’état français en 2017³⁸.
Depuis 2019 la Taxe GAFA est rentrée en vigueur, elle a pour objectif de taxer plus les GAFAM et autres entreprise de service du numérique. C’est une bonne nouvelle, sauf que d’après le rapport d’ATTAC, la taxe est sous-évaluée et permet encore de l’optimisation fiscale aux géants de la tech à hauteur de 64% de leur chiffre d’affaire³⁹. C’est le cas pour Netflix qui en 2021 transfère 85% de son chiffre d’affaire français dans d’autre pays⁴⁰.

Modération des réseaux sociaux

L’émergence des réseaux sociaux a ouvert la possibilité à chacun.e de communiquer son avis à un très grand nombre de personne, de manière instantanée. C’est porteur de sens lorsque ca permet à des mouvements démocratiques d’émerger (printemps arabe, gilets jaunes…). Cependant, cela créé une nécessité de devoir modérer les contenus qui n’existaient pas lorsque l’expression publique passait par les journaux, radios, télévision
Les réseaux sociaux ont donc créé des outils afin de modérer le contenu postés par leurs utilisateur.rice.s. Les utilisateur.ice.s signalent un contenu non adpaté. Celui-ci est envoyé à l’équipe de moderation qui analyse le contenu, et choisi de le supprimer ou non.
le problème: c’est la santé mentale des modérateur.rice.s obligé.e.s de regarder des centaines de vidéos/photos ultra choquantes (décapitation, suicide…) par journée. Le tout dans une entreprise sous-traitante afin de ne pas ternir l’image de la belle Licorne ⁴¹.
de plus la modération par des privés sur des médias extrêmement puissant pose la question de la liberté d’expression. Dans le cas du printemps arabe cela a été plutôt bénéfique, mais en Russie ou en Chine les médias sociaux sont aux mains de l’État qui contrôle tout. Ils deviennent donc un outil de propagande étatique ou au mieux un lieu de privation de liberté d’expression. Mais même dans des état » démocratique » cela pose question: (ex français de suspension de compte a trouver)

l’intelligence « artificielle »

entraînement des algorithmes

par des micros travailleur

L’intelligence dite artificielle, n’a rien d’artificielle, elle demande énormément de travail humain pour fonctionner. Que ce soit pour l’écriture du code, mais également pour l’entrainement des algorithmes.
la technologie appelée « deep learning » nécessite que les algorithmes soient entraînés. C’est à dire que des humains contrôle les réponses fournies par les algorithmes. Par exemple, lorsque vous cliquez sur les photos des passages piétons pour valider un captcha, vous entrainez sans le savoir l’algorithme de la voiture autonome de Google. Cependant, la majorité du temps l’entraînement est fait par des travailleurs indépendant.e.s, précarisées, sous payée à la tâche⁴².

la reproduction du passé

Afin d’entrainer certains algorithme, on peut leur fournir des bases de données sur le sujet concerné. Le problème, c’est que si les banques de données fournies sont celles du passé, on reproduira la même chose que dans le passé, les mêmes biais.
c’est le cas notamment en France avec l’algorithme de la CAF utilisé pour choisir quels allocataires seront contrôlés. (Si les contrôles était basé sur des préjugés raciste, sexistes, de mépris de classe ou autre, ils risquent d’être perpétués par l’algorithme)
Source: datagueule, la revue dessinée*

les biais du code

En grande majorité (source) les dev sont des hommes blancs cis-genre hétéro CSP+, vivant dans des pays riche -> biais dans le code – Sources: à trouver

le mythe de la neutralité

un argument souvent brandi pour défendre les algorithmes est le mythe de la neutralité : l’algorithme serait plus neutre que des humains (chargé.e.s du contrôle de la CAF par ex). Sauf que c’est faux et que ça permet de dédouaner (déresponsabiliser) l’administration ou l’entreprise qui l’utilise. (Exemple: les contrôles de la CAF)⁴³ ⁴⁴ *- citer les alertes de la CNIL
Source: la revue dessinée*

Conclusion

ce qui est important de comprendre, c’est que le numérique tel qu’on le connait aujourd’hui n’est possible que parce-que tous (ou une grande majorité de) ces problèmes existent: Sans exactions au Congo ni esclavage en Chine pas de smartphone à 100€, sans travailleurs du clic pas de ChatGPT, sans évasion fiscale pas de Google drive gratuit, sans émission de CO2, pas de streaming…
Dans cet article on a cité de nombreux problèmes liés au numérique. Certains peuvent être éradiqués (l’évasion fiscale entre autre), d’autre peuvent être atténués (Ubérisation, Hégémonie des GAFAM, fracture numérique, effet bulle…) et certains sont intrinsèques au numérique a tel point que leur éradication aurait pour conséquence l’arrêt pur et simple du numérique (exactions dans les pays d’extraction des métaux, conditions d’extraction, transformation, fabrication, traitement de nos machines, pollution).
Qui peut dire que tuer des hommes, violer et mutiler des femmes faire travailler des enfants dans des mines où l’eau est contaminée à l’arsenic, faire travailler des esclaves 15h par jour c’est responsable?

La solution pour le numérique c’est la même que pour l’énergie:

D’abord réduire: on commence par réduire les besoins, réduire notre utilisation et notre dépendance!
Ensuite trouver des alternatives (Chatons plutôt que GAFAM, materiel reconditionné plutôt que neuf, logiciels open sources plutôt que propriétaires, location plutôt qu’achat, fairphone plutôt qu’Iphone…)

L’illusion du changement individuel (Consomm’action)

Il est illusoire de croire qu’un changement individuel est suffisant. L’ensemble de la société se numérise et force tout le monde à s’y mettre. Faire le choix individuel de se passer du numérique c’est se passer d’énormément de services qui ne sont déjà plus accessible sans numérique (essayez donc de prendre rdv chez un medecin sans doctolib). Certaines personnes font ce choix courageux, mais on ne peut pas en attendre autant de la société entière.
Il faut un véritable choix politique fort de droit au non numérique puis de dénumérisation pour que nos changements individuels puissent se faire.

D’un point de vue politique française:

Il faut lancer un vaste plan de dénumérisation de la société (à l’instar du plan de décarbonation de la société du Shift Project). Cela peut passer par des mesures comme:
Remettre des employé.e.s dans les guichets des administrations afin de garantir un accès aux droits égalitaire (préconisation du défenseur des droits faite en 2019)
Créer une instance gouvernementale du droit au non numérique chargée de vérifier que toutes les démarches de l’État (dans un premier temps) et des entreprises de services publics (dans un second temps) sont possible en non numérique. (À l’instar de la brigade du non numérique de la ville de Villeurbanne)
Transformer FranceNum en FranceDenum pour accompagner les entreprises et administrations dans leur dénumérisation
Supprimer toutes les aides d’État pour la tech et le numérique (JEI…), et les réinvestir dans les autres actions du plan
Faire une vaste consultation citoyenne (a l’instar de la convention citoyenne pour le climat) sur le numérique afin de définir les secteur ou usage dans lequel le numérique devra être conservé.
Empêcher l’uberisation en interdisant les entreprises réalisant du salariat déguisés d’exercer leur activités (bloquage DNS des noms de domaines des GAFAM ne respectant pas cette règle)…

D’un point de vue Géopolitique :

Le numérique reflète tout a fait les inégalités mondiales: l’Occident exploite l’Afrique pour exploiter les matières premières et implante ses usines en Chine où la frontière entre travail et esclavagisme n’existe qu’en théorie.
Nous sommes donc extrêmement privilégiés, et ces privilèges de quelques uns (pays riches), sont réalisés au détriment de tous les autres.
Nous (pays occidentaux), avons le même devoir que par rapport aux émissions de CO2: nous en avons bien profité pour développer nos richesses et notre niveau de vie pendant des décennies. Maintenant il est de notre devoir:
1. à minima de montrer l’exemple (sobriété, dénumérisation…)
2. D’arrêter toute ingérence ayant pour but la préservation de nos intérêts (corruption, déstabilisation politique…)
3. De réparer les dégâts sociaux et environnementaux causés en Afrique et en Chine (mise en place d’un fond mondial, à l’instar de ce qui est demandé lors des COP par les pays dits émergents).
4. D’interdire l’importation de produits fabriqués dans des conditions sociales et environnementales non acceptable en France. (Ce point devrait être le cas pour tous les produits importés, pas que le numérique. On peut citer notamment les produits agricoles qui ont été au coeur des débats ces derniers temps).
5. Enfin, si l’on a encore besoin de construire des équipement numérique, de les fabriquer en France, avec des matériaux extrait, raffinés, et transformés en France (comment expliquer qu’on ne veut pas de pollution chez nous, mais que ça ne nous pose pas de problème quand c’est chez les autres?)

Sources

Contre l’alternumerisme (livre)
OuiShare
GreenIT.fr
Ademe
datagueule
les travailleurs du clic
l’arcep: https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/etude-ademe-arcep-empreinte-environnemental-numerique-2020-2030-2050.html

1 Bien que l’arrivée de l’IA (Intellligence Artificielle) promette de changer cela en remplaçant cette fois ci des métiers hautement qualifiés (developpeur.euse, artiste, juriste …)

2 Trésor-éco n° 271 – Novembre 2020 – Numérisation des entreprises françaises: https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/232805f1-2337-4a33-87c4-3fcc2052783e/files/d13107c0-d820-4304-8a53-bfc6dbd3178e

3 https://reporterre.net/Les-ravages-ignores-de-l-activite-miniere, https://youtu.be/7bh3Z78e68Q?si=gvGHr_e1i2EL3kc_&t=98, https://www.systext.org/node/1785

4 Sources: https://fr.wikipedia.org/wiki/Bioconcentration , https://fr.wikipedia.org/wiki/Bioaccumulation